Les Cévennes et la région cévenole |
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C’est là la région qui retient l’attention de l’Académie cévenole, sans cependant se fixer une frontière trop stricte : autant que l’espace cévenol stricto sensu on retiendra le « fait cévenol », qui peut se définir par quelques caractères plus particuliers : la rudesse du pays, son caractère montagneux, ses productions typées (la châtaigne, le pélardon), sa révolte historique (guerres de religion)… C’est dire qu’on définira ici les Cévennes autant par ce qui les caractérise dans leur histoire et leur esprit que par la seule limitation géographique. Celle-ci, en effet, a varié avec le temps. Strabon (Géographie, IV, 1, 1) présentait ainsi notre région : « Perpendiculairement au mont Pyrénée, le mont Cemmène traverse les plaines par le milieu et prend fin près de Lugdunum (Lyon) au centre du pays ». Définition grosso modo confirmée par César (De Bello gallico, VII, 8) : « Les Cévennes qui forment barrière entre les Helviens et les Arvernes… » On comprend que le géographe et le général ont à l’esprit la métaphore descriptive contenue dans le mot gaulois à l’origine de l’appellatif : cemeno « dos » (+ le suffixe oronymique –enna). C’est ce que retient P. Cabanel : « L’essentiel reste dans le regard que les hommes de l’Antiquité portent sur cette ligne de crête neigeuse et boisée qui barre l’horizon de la via Domitia qui s’en tient à distance respectueuse, et accompagne le voyageur de Narbonne à Nîmes, et jusqu’à Orange et Lyon. » (Histoire des Cévennes, p. 8). Cette manière de voir s’est maintenue jusqu’à nos jours à travers les définitions des géographes français du XIXème siècle pour qui les Cévennes vont du seuil de Naurouze jusqu’au plateau de Langres. Néanmoins, des savants comme Vidal de La Blache et Martel ne les laissaient pas aller si loin à l’est. Cette première réduction d’ordre géographique a été suivie d’une réduction d’ordre historique avec Stevenson (Voyage avec un âne à travers les Cévennes, 1879), qui avec l’expression « la Cévenne des Cévennes » les réduisait au territoire des guerres de religion qui ont secoué le pays. On remarquera néanmoins que si ladite expression contient un singulier limitatif, elle n’en conserve pas moins le complément déterminatif au pluriel. C’est ce complément déterminatif, au pluriel, que retient l’Académie cévenole. |